Rencontre avec Olivier Ramon Attaché de Recherche Clinique Moniteur au LYSARC

Connaître sur le bout des doigts les protocoles de recherche clinique, vérifier les données cliniques qui permettront de garantir la qualité de l’étude, aller à la rencontre des interlocuteurs dans les centres hospitaliers du début jusqu’à la fin de l’étude, ce sont entre autres les missions d’un ARC Moniteur. Ce métier est au cœur de la recherche clinique, Olivier RAMON travaille au LYSARC depuis 2016 et  nous parle du métier, de son parcours et nous partage quelques anecdotes sur son activité quotidienne !

Portrait Olivier Ramon Experts Recherche Lymphome

Le métier d'ARC Moniteur, au coeur de la recherche clinique

  • Bonjour Olivier, quel est ton quotidien d’ARC Moniteur au LYSARC ?

Le quotidien de l’ARC ? Justement il n’y a pas de quotidien… Chaque jour est différent et c’est ce qui me plait dans ce travail, encore plus au sein d’une ARO comme le LYSARC, qu’au sein d’une CRO par exemple.

Alors, il y a les déplacements qui représentent environ 50 % de notre temps, du coup la SNCF, Air France…Ibis et autres Campaniles n’ont plus de secret pour nous ! Mais ce n’est pas tout car il faut préparer ces visites : revoir la visite précédente, être en contact fréquent avec les centres, gérer son agenda et ses déplacements. Puis une fois la visite effectuée, il faut faire le suivi de la visite, avec le centre et avec l’équipe projet. Comme le LYSARC travaille de façon privilégiée avec un réseau très important de médecins investigateurs, il existe une certaine proximité avec les équipes médicales (ARCs hospitaliers, médecins..), une familiarité qui se tisse petit à petit au fur et à mesure des visites sur sites. C’est vrai que pour faire ce métier, il faut un background scientifique et de très bonnes notions sur la pathologie, mais de mon point de vue, je dirais que 50% de notre travail est un travail relationnel avec les équipes médicales. Alors il ne faut pas être trop rigide, plutôt de bonne humeur et très patient !

L’autre partie importante du travail est de maintenir un contact régulier avec les équipes projets, de faire remonter des informations, d’être réactif et proactif. C’est un métier sans routine où on est toujours en mouvement, même assis devant son écran d’ordinateur !

Au sein du LYSARC, les ARC moniteurs sont impliqués assez rapidement sur les nouveaux projets, notamment en tant qu’ARC référent d’une étude. Nous sommes mis à contribution pour la rédaction ou la relecture de certains documents (monitoring Plan, CRF completion guidelines…eCRF). Nous travaillons aussi sur la mise en place des études et lorsque l’étude est lancée, nous avons régulièrement des réunions avec l’équipe projet pour faire le point sur les analyses prévues et donc le planning des monitorings. Ensuite en fonction des impératifs, nous devons prévoir nos visites de monitoring. Entre chaque visite, il faut également vérifier que les centres continuent à saisir les données des patients, et également qu’ils répondent aux queries posées sur l’eCRF.

  • Faut-il une formation spécifique pour travailler sur les lymphomes ?

Le LYSARC dispense des formations lymphomes pour tous les nouveaux arrivants et qui sont à actualiser tous les 2 ans. Donc on peut très bien ne jamais avoir travaillé sur les lymphomes ou plus généralement sur les cancers sanguins même si c’est un avantage de connaître la pathologie. De plus, l’oncohématologie est une spécialité tellement complexe qu’on en apprend tous les jours. Il y a aussi des mises à jour régulières des modes d’évaluation ou des techniques de diagnostic.

  • Peux-tu nous décrire la vie de l’équipe Monitoring sein du LYSARC ?

Le département monitoring est une petite famille où on se serre les coudes, on s’entraide car c’est un métier exigeant physiquement avec de nombreux déplacements et des levers très tôt, des nuits d’hôtels et des sommeils parfois pas très réparateurs. En contrepartie, on est soudé, on sort souvent ensemble, même le week-end où on se fait nos sorties de cohésion de groupe : randonnée, laser game, accrobranche, karaoké… Bref il y en a pour tous les styles !

  • Olivier tu as 25 ans d’expérience dans la recherche clinique peux-tu nous décrire ton parcours ?

Cela fait 25 ans que je travaille dans la recherche clinique, autant dans le public que dans le privé. J’ai un doctorat en Biochimie qui me permet d’avoir des notions solides en biologie mais ma thèse m’a surtout mis le pied à l’étrier car j’étais financé par un laboratoire pharmaceutique pour coordonner un essai thérapeutique, en plus de mon travail de recherche ; ça m’a beaucoup intéressé et j’ai pu entrevoir les différents aspects de la recherche clinique et les différentes étapes du déroulement d’un essai thérapeutique. A l’époque, il n’y avait pas forcément besoin de formation spécifique pour postuler à un poste d’attaché de recherche clinique mais je trouvais que c’était un plus de pouvoir obtenir un diplôme spécifique.

J’ai donc fait la formation CLINACT, sur Paris, en 2000, qui permettait d’avoir un enseignement sur les différents aspects de la recherche clinique (Bonnes Pratiques Cliniques, aspects Réglementaires, Pharmacovigilance, Juridique), et du métier d’Attaché de Recherche Clinique. Il y avait un stage de 3 mois pour valider la formation : j’ai fait ce stage au CHU de Grenoble, dans le service d’Oncohématologie, en tant que ARC hospitalier, où je vais à présent en monitoring pour le LYSARC : retour à l’envoyeur !

J’ai beaucoup appris au cours de ce stage car on se rend compte sur le « terrain » des contraintes qui ne permettent pas tout le temps de cadrer avec les protocoles et qui obligent à prioriser les actions.

A l’issue de ce stage, je suis devenu ARC Hospitalier au CHU de St-Etienne, où j’avais en charge deux PHRC nationaux et multicentriques (Protocoles Hospitaliers de Recherche Clinique, financé par le Ministère de la Santé). J’ai une nouvelle fois beaucoup appris auprès des médecins qui étaient porteurs de ces projets. J’étais impliqué dans la rédaction du protocole, du cahier d’observation (encore en format papier !), et bien entendu dans les visites de mise en place et de monitoring.

Au bout de 2 ans, j’ai été contacté par une CRO parisienne, pour un travail d’ARC délocalisé Home-based : basé sur lyon, j’avais un secteur assez vaste de l’Allier à la Provence Alpes Côte d’Azur. J’en ai donc profité pour réviser ma géographie, mais surtout mon anatomie car l’avantage à l’époque de bosser en CRO, c’était de travailler pour différents laboratoires pharmaceutiques (ROCHE, Wyeth, SERONO, Boheringer Ingelheim….). On touchait à tous les domaines thérapeutiques (Oncologie, Rhumatologie, Néphrologie, Neurologie, cardiologie, Etc….). C’était particulièrement intéressant et formateur : nous commencions à travailler sur eCRF ou sur CRF tramé, le réglementaire commençait à prendre une part gigantesque dans notre job, c’était moins sympa !

Je suis resté 10 ans en CRO, puis j’ai eu l’opportunité de travailler pour la DIRC-est, au sein de la DRCI du CHU de BESANCON, pour une mission du ministère de la recherche et de la santé, pour promouvoir le monitoring adapté, au sein de la recherche clinique institutionnelle. Ma mission a duré 3 ans, c’était une expérience enrichissante car cette fois mes contacts privilégiés étaient les médecins bien sûr mais aussi les responsables des DRCI et le Ministère de la Santé.

Je suis originaire de Grenoble et je voulais absolument retourner dans ma région alors j’ai ensuite accepté un poste d’ARC manager dans une CRO, centre de phase I, dans l’agglomération grenobloise. Sur le papier le poste était génial car le centre de phase I (Optimed) est un des rares centre en France à pouvoir accueillir des phases I (hormis les structures hospitalières) : on avait en charge de tester des premières administrations à l’homme, de molécules visant à traiter des pathologies variées. J’avais également le management de 5 ARCs : je n’avais jamais encadré d’équipe et sans formation particulière, je me suis vite cassé les dents car j’avais encore de nombreux déplacement pour les monitorings à réaliser à l’extérieur du centre. Bref, l’expérience ne fut pas une franche réussite mais cela m’a permis de me rendre compte que le management ne s’improvise pas. J’ai donc décidé donc de démissionner avant que mon corps et mon esprit ne me lâchent !

Je connaissais le LYSARC depuis 20 ans et quand on m’a proposé un poste d’ARC prestataire au sein du LYSARC, j’ai sauté sur l’occasion car ils étaient localisés à Lyon, je connaissais bien la pathologie, pour avoir commencé par de l’oncohématologie et je recherchais une structure de cette taille pour pouvoir m’intégrer et évoluer…. j’y suis depuis 4 ans déjà !!!

  • Une anecdote à nous partager ?

Lors d’une étude où les médecins investigateurs étaient des médecins généralistes, l’un d’eux n’avait pas assez de place dans son cabinet pour que je puisse travailler ; du coup on a traversé la rue et il m’a installé au bar en face : il m’a même payé l’apéro et le repas du midi.

On pourrait écrire un livre en rassemblant toutes les anecdotes qui nous arrivent car souvent rien ne se passe comme on voudrait !

  • Des conseils pour celles et ceux qui souhaiteraient rejoindre la recherche clinique ?

Pour ma part, je dirais que le métier d’Attaché de Recherche Clinique Moniteur n’est pas une profession de sédentaire, il faut aimer bouger, il faut avoir un grand sens de la communication. Il faut également être très rigoureux, d’autant plus que les protocoles ou les études sont de plus en plus réglementées et demandent donc une exigence encore plus grande. Il faut principalement avoir une très grande réactivité et une capacité d’adaptation importante. La vie dans la recherche clinique n’est pas un long fleuve tranquille !