Chimiothérapies

Les chimiothérapies consistent en une association de médicaments administrés par voie veineuse et par voie orale à intervalle défini. De nombreuses associations de médicaments (protocole de traitement) sont connues, leur utilisation dépend du type de lymphome et de son extension.

Exemples de chimiothérapies dans la prise en charge des lymphomes :

  • Le CHOP (Adriamycine, Cyclophosphamide, Vincristine, Prednisone) est une association de chimiothérapie très classique dans les lymphomes. Dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis, il s’agit du traitement standard des lymphomes agressifs. Cette chimiothérapie peut être délivrée jusqu’à 80 ans.
  • L’ACVBP (Adriamycine, Cyclophosphamide, Vindésine, Bléomycine, Prednisone) est une association de chimiothérapie beaucoup plus intensive. Elle est habituellement réservée à certains sujets de moins de 60 ans et pour des lymphomes agressifs. Cette association a fait l’objet de plusieurs travaux dans les équipes du LYSA.

Déroulement

Le protocole de traitement est défini à l’avance par le médecin responsable mais il peut être modifié en fonction des effets secondaires et de la réponse de la maladie.

La chimiothérapie est le plus souvent réalisée en hôpital de jour mais parfois des hospitalisations sont nécessaires en raison du type de traitement ou de l’état du patient. Dans certains lymphomes, il existe un risque de rechute au niveau des méninges (enveloppes du cerveau et de la moelle épinière). Il est alors nécessaire d’administrer à intervalle régulier (entre 4 et 12 fois) la chimiothérapie dans les méninges en faisant une ponction lombaire.

Pour permettre l’administration intraveineuse de chimiothérapie pendant plusieurs mois dans de bonnes conditions de confort, il est habituel de poser au patient un dispositif de perfusion qu’il garde le temps du traitement. La chambre implantable est constituée d’un petit boîtier de deux centimètres de diamètre, placé sous la peau, relié à un tuyau (cathéter) qui sera introduit dans cette grosse veine.

La pose de cette chambre se fait habituellement sous anesthésie locale, au bloc opératoire, sous la responsabilité d’un anesthésiste ou d’un chirurgien. Une courte incision permet de découvrir une veine de la base du cou dans laquelle on glisse le cathéter et de placer le boîtier sous la peau. Cette intervention dure de trente minutes à une heure. Une anesthésie générale est parfois proposée.

Dans les 48 heures qui suivent la pose, une gêne ou une douleur à la base du cou est fréquente, on vous prescrira des médicaments contre la douleur. Le pansement peut être retiré au bout de quatre jours, les fils de la suture se résorbent habituellement tout seuls.

Effets secondaires

Les effets secondaires des chimiothérapies dépendent du type de chimiothérapie et varient d’une personne à l’autre. Le médecin qui prescrit la chimiothérapie informe le patient de ces effets secondaires et de leur fréquence. Des mesures peuvent être prises pour atténuer certains effets secondaires.

Les effets les plus habituels sont dans l’immédiat la survenue de nausées et vomissements. De très importants progrès ont été faits dans la prévention et le traitement de ces effets secondaires. Si malgré cela des nausées et des vomissements surviennent, d’autres médicaments peuvent être prescrits.

Une baisse des globules blancs est fréquente dans les jours qui suivent la chimiothérapie. L’importance de cette baisse dépend du type de chimiothérapie. Des facteurs de croissance (Neupogen, Granocyte) sont parfois utilisés pour en diminuer la gravité mais ils ne permettent pas de la faire disparaître. Le taux de globules blancs dans le sang sera surveillé régulièrement par le médecin, si cela est nécessaire. L’apparition d’une fièvre supérieure à 38°, de frissons, d’une sensation de malaise ou de tout autre événement entre les cycles de chimiothérapie doivent amener à consulter rapidement le médecin traitant ou l’hôpital.

La chimiothérapie peut entraîner la perte des cheveux (alopécie). Elle dépend aussi du type de chimiothérapie. Souvent dans les lymphomes, la perte des cheveux est totale. Elle débute trois semaines après les premières injections de chimiothérapie et dure le temps du traitement. A la fin des cycles de chimiothérapie, les cheveux repoussent normalement et souvent assez vite. Un casque réfrigérant est parfois utilisé pour diminuer la perte des cheveux mais cette méthode est contre-indiquée dans de nombreux lymphomes.

La chimiothérapie peut aussi avoir un retentissement sur la fertilité. Certaines chimiothérapies utilisées dans les lymphomes peuvent diminuer la fertilité. C’est particulièrement le cas des intensifications thérapeutiques avec autogreffe. Chez l’homme, il est le plus souvent possible de prélever du sperme avant de débuter le traitement, de le conserver congelé pour une utilisation plusieurs années plus tard. Chez la femme, les chimiothérapies sont souvent responsables d’une irrégularité des règles, voire de leur arrêt, surtout si la patiente est proche de la ménopause naturelle. Il est cependant indispensable pendant le traitement d’avoir une contraception efficace car la plupart des chimiothérapies comporte un risque de malformation chez les foetus. La contraception orale a de plus l’avantage de mettre les ovaires au repos et ainsi de les protéger, dans une certaine mesure, de l’action nocive des chimiothérapies. Dans de rares cas, il peut être proposé de prélever et de congeler un fragment d’ovaire. Toutefois, cette méthode n’est pas toujours possible car elle nécessite une intervention chirurgicale. Son efficacité et son innocuité à long terme ne sont pas connues et elle reste donc du domaine de l’étude. Les chances de retour à une fertilité normale dépendent de l’âge du patient et du type de chimiothérapie utilisé. Le médecin qui prescrit cette chimiothérapie doit renseigner le patient sur ces questions en fonction du traitement prévu.

A long terme, certaines chimiothérapies peuvent favoriser l’apparition de maladies cardiaques ou d’un autre cancer. Ce risque souligne la nécessité d’adopter une bonne hygiène de vie et de poursuivre longtemps la surveillance médicale.