Anticorps monoclonaux
Des traitements spécifiques à base d’anticorps monoclonaux ont été développés afin de détruire spécifiquement des cellules tumorales. Leur utilisation dans le traitement des lymphomes est relativement nouvelle et leur place est encore en cours de définition. Le rituximab et le Zevalin en sont deux exemples.
Un anticorps est une molécule naturelle qui reconnaît spécifiquement une autre molécule qualifiée d’antigène. Notre système immunitaire produit des anticorps dirigés contre les bactéries et les virus. Dans le cas de certains cancers, les cellules cancéreuses portent des antigènes mais les malades ne produisent pas d’anticorps efficaces contre ceux-ci. Depuis quelques années, la production industrielle d’anticorps très purs est possible, que l’on qualifie d’anticorps monoclonaux. Des traitements spécifiques à base d’anticorps monoclonaux dirigés contre des antigènes portés par les cellules tumorales ont été développés afin de détruire ces cellules spécifiquement.
Pour détruire ces cellules, l’anticorps peut être développé de différentes façons :
- Anticorps seul, c’est-à-dire un anticorps nu qui en s’attachant à la cellule peut entraîner sa mort ;
- Anticorps associé à une autre molécule, toxine ou produit radioactif, et qui sert alors à amener vers la cellule tumorale l’élément qui va la détruire.
Rituximab
Le rituximab est le premier anticorps à avoir été utilisé dans le cadre des lymphomes. Il s’agit d’un anticorps monoclonal qui reconnaît l’antigène CD20 présent sur les cellules des lymphomes B qui représentent plus de 80 % des lymphomes.
Anticorps commercialisé en Europe par la société Roche sous le nom de Mabthera, le rituximab est un anticorps qui a d’abord été utilisé seul. Son efficacité a été démontrée dans les lymphomes folliculaires et dans les lymphomes à grandes cellules B. La toxicité de cet anticorps est faible. Les premières injections sont souvent marquées par de la fièvre mais aussi parfois par des nausées, de la fatigue ou des maux de tête. Des effets plus sérieux de type allergique sont rares mais ils justifient une perfusion particulièrement lente de l’anticorps au début, la prescription de médicaments antiallergiques et une surveillance lors des premières injections. Un traitement comporte 4 à 8 injections avec un intervalle d’une semaine à un mois entre chaque injection. Sauf avis contraire, les perfusions se font en hôpital de jour.
Grâce à une étude menée au sein de l’écosystème Experts Recherche Lymphome, il a été par la suite démontré que le rituximab associé à la chimiothérapie en augmentait l’efficacité sans en augmenter les effets secondaires. Ceci paraît vrai dans la plupart des lymphomes B. Actuellement le rituximab est presque toujours associé à la chimiothérapie dans le traitement des lymphomes B à grandes cellules, des lymphomes folliculaires et des lymphomes à cellules du manteau. Les autres lymphomes sont à l’étude.
Il a également été démontré que, dans les lymphomes folliculaires ayant rechuté, un traitement d’entretien par rituximab retardait l’apparition d’une nouvelle rechute et améliorait la durée de vie.
De nombreuses questions demeurent toutefois concernant cet anticorps : apporte-t-il un bénéfice dans les formes les plus graves de lymphome agressif ? Peut-il être efficace en traitement d’entretien précoce des lymphomes folliculaires ? Reste-t-il efficace pour le traitement des rechutes de patients ayant déjà reçu du rituximab ?
Zevalin
Comme le rituximab, le Zevalin est un anticorps dirigé contre l’antigène CD20. En revanche, cet anticorps a pour spécificité de comporter une molécule radioactive, l’Yttrium. Cet anticorps va permettre l’irradiation spécifique des cellules du lymphome qui portent l’antigène CD20.
Ce médicament est autorisé en France pour le traitement des rechutes de lymphomes folliculaires auparavant traités par rituximab. Le traitement consiste en une injection unique de Zevalin qui est faite dans un service de médecine nucléaire.
Le Zevalin peut présenter des effets secondaires similaires à ceux du rituximab puisqu’il s’agit d’un anticorps monoclonal très proche de celui-ci. Des effets liés à la radioactivité peuvent aussi être constatés. Ils se traduisent surtout par une baisse des globules blancs et des plaquettes parfois sévère et prolongée. De la fatigue, des nausées, de la fièvre sont plus rares et habituellement modérés. Comme après toute irradiation, il existe un risque théorique de cancer ou de leucémie secondaire ainsi qu’un risque de stérilité et de malformation chez les enfants de patients traités. Ce médicament est bien sûr contre-indiqué chez la femme enceinte. Le risque d’irradiation de l’entourage à la suite du traitement est faible, autorisant la sortie immédiatement après. Toutefois, les contacts rapprochés sont déconseillés durant 24 heures.
Le Zevalin a été comparé au rituximab et semble amener une meilleure réponse de la maladie. Son bénéfice à long terme ne semble pas cependant établi.
Une modalité nouvelle d’utilisation du Zevalin est à l’étude. Il s’agit de son utilisation dans le traitement intensif avec autogreffe. Administré avant la chimiothérapie habituelle, il pourrait permettre d’augmenter l’efficacité de celle-ci. L’autogreffe pourrait permettre d’éviter la toxicité du Zevalin pour les globules blancs et les plaquettes.